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Faucon pèlerin

Falco peregrinus
INPN: Animalia / Chordés / Oiseaux / taxon 2938

23.08.2023 | Hélène LAVIRON | Répartition Biodiv

Le faucon pélerin (Falco peregrinus) est un rapace emblématique, célèbre chasseur d’oiseaux qu’il capture en plein vol après un piqué vertigineux.

Description

Avec une envergure de 95 à 105 cm et un poids de 800 à 1000 g, la femelle est un faucon de grande taille. Le mâle est beaucoup plus petit : 70 à 85 cm d’envergure pour 550 à 650g, d’où son nom de “tiercelet”. Il reste cependant plus grand qu’un faucon crécerelle, dont il se différencie aussi par une silhouette plus massive, avec une large poitrine, des ailes plus larges en proportion, une queue moins longue.
Le plumage du mâle présente une coloration gris bleu métallique dessus, alors que les parties ventrales, plus claires, sont barrées de bandes noires. La tête porte un capuchon noir, qui se prolonge sur les joues par deux tâches noires ; ces "moustaches" sont caractéristiques du genre Falco mais particulièrement larges chez le pèlerin. Elles contrastent avec la gorge et la poitrine blanches.
La femelle est globalement plus foncée, et généralement plus rousse et plus mouchetée à la gorge.
Le juvénile est brunâtre dessus, avec d’étroits liserés sur les plumes de couverture alaires, et légèrement teinté d’ocre dessous, rayé de noir longitudinalement et non transversalement.

L’œil est un organe particulièrement remarquable chez le faucon pélerin : noir, très grand (si les nôtres étaient en proportion, ils auraient la taille d’un pamplemousse…), il est doté de 8 à 10 fois plus de cellules visuelles que le nôtre et dispose de deux fovéas (zones à forte concentration de cellules) au lieu d’une pour nous ; des gouttelettes graisseuses en suspension lui permettent en outre de détecter le mouvement d’une forme évoluant contre un fond de même couleur ; sa vision crépusculaire est parfaite. Tout ceci lui permet de détecter sans difficulté un pigeon à 4 ou 5 km de distance. Cette extraordinaire acuité visuelle avait déjà été remarquée il y a 3500 ans par les égyptiens, qui écrivaient le verbe “voir” à l’aide d’un hiéroglyphe représentant exactement l’œil du faucon pèlerin, entouré de son capuchon et sa moustache noirs.

Biologie - Ecologie

Habitat :

Le faucon pèlerin niche sur les falaises rocheuses, du bord de mer jusqu’à la montagne. Désormais, on le rencontre également sur des sites artificiels de grande hauteur, tels que châteaux d’eau, cheminées de centrales électriques et nucléaires, cathédrales, carrières, etc.
Il est présent depuis longtemps sur la cathédrale d’Albi, où des nichoirs ont été installés et des caméras de surveillance permettent de suivre toute la reproduction depuis la médiathèque de la ville. A Toulouse, sont installation est plus récente ; il peut être aperçu en plein centre ville (dôme de La Grave, tours de Seysses), mais c’est sur l’île d’Empalot qu’un nichoir installé au sommet d’une haute cheminée permet la reproduction régulière d’un couple depuis plusieurs années.

En hiver, il fréquente les plaines, attiré par les concentrations d’oiseaux migrateurs.

Alimentation
Le faucon pèlerin se nourrit exclusivement d’oiseaux qu’il attaque en plein vol.
Son régime alimentaire est très diversifié : la taille des proies varie de celle du pinson à celle de la corneille, en fonction de l’abondance respective des espèces présentes sur son territoire. Son régime fluctue éminemment en fonction de la région considérée, voire de la période de l’année.

En plaine, la méthode de chasse du pèlerin consiste souvent à faire des passages répétés en vol battu ou des piqués de faible pente. l’objectif étant de faire décoller les oiseaux pour en capturer un en vol.
En région accidentée, la technique la plus employée est le piqué à grande vitesse, ailes plus ou moins fermées. Ces attaques sont entreprises aussi bien à partir d’un poste d’observation élevé – le plus souvent d’un affût situé dans ou à proximité de la falaise, qu’à partir d’un vol plané à grande hauteur – on dit « un vol d’amont ». Dans ces circonstances, l’attaque se développe en deux temps :
• un vol de placement, au cours duquel le faucon prend de la hauteur à grands coups d’ailes amples et persistants, pour se positionner en situation favorable pour le piqué terminal. La direction du vol de placement ne présage en rien de la direction finale de l’attaque.
• un piqué terminal à grande vitesse. La hauteur à partir de laquelle le piqué final est déclenché, varie en moyenne de 300 à 600 mètres, mais le faucon peut aussi entreprendre son piqué de beaucoup plus haut - jusqu’à 1 ou 2 kilomètres d’altitude ; La vitesse atteinte par le faucon au cours de ces attaques est couramment comprise entre 200 et 250 km/h. À la fin du piqué, la trajectoire s’aplatit, de sorte que la proie est abordée par dessous et par derrière, sur une trajectoire légèrement montante. Au dernier instant, le corps se redresse, et la capture est faite par la projection des serres en avant, au niveau de la tête. Si tout se passe bien, la proie est « liée » - c’est-à-dire agrippée et maintenue dans les serres. Si la proie esquive au dernier moment, elle peut être « buffetée » - c’est-à-dire frappée avec les serres et récupérée ensuite ; si la première attaque échoue, le faucon peut aussi basculer vers le bas pour un piqué « secondaire », au cours duquel il tentera de nouveau sa chance.

Le pourcentage de réussite des attaques est au mieux d’une prise pour 5 à 10 échecs, pour des oiseaux se déplaçant au-dessus d’un plan d’eau ; sur des zones montagneuses et boisées, le taux de réussite tombe à une capture pour 15 à 20 attaques.

Reproduction :
Le faucon pèlerin ne construit pas de nid. Il utilise les cavités et plateformes existantes des falaises. En grattant le sol, les adultes aménagent une cuvette de 10 à 20 centimètres de diamètre pour 1 centimètre à 8 centimètres de profondeur, selon la nature du sol.
Les couples adultes se retrouvent tous les ans sur le même site (mais peuvent changer d’aire de nidification). Si la formation des couples ainsi que la recherche d’un site de nidification peuvent avoir lieu dès l’été, les parades et accouplements, traduisant le commencement de la saison de reproduction, débutent au mois de janvier suivant, et se poursuivent jusqu’en février.
La ponte a lieu 15 à 45 jours plus tard, le pic est atteint vers la mi-mars. Elle compte généralement 3 ou 4 œufs de couleur crème, tachetés de rouge-ocre, pondus à des intervalles de 48 à 72h.
L’incubation commence généralement à la ponte de l’avant-dernier ou du dernier œuf. Elle est assurée essentiellement par la femelle ; le mâle se charge de chasser et de lui apporter des proies, et prend le relais de la couvaison le temps qu’elle s’alimente.
L’éclosion a lieu au bout d’environ 30 jours. Dans un premier temps le mâle apporte les proies que la femelle distribue, puis les deux adultes contribuent au ravitaillement.
Les premiers vols des jeunes, incertains et désordonnés, ont lieu durant la 6e semaine après l’éclosion. La période d’apprentissage du vol et de la chasse débute alors et durera 7 à 8 semaines. Poussés par un instinct erratique et l’arrêt du nourrissage par les adultes, les jeunes quittent ensuite le site (juin/juillet) et partent à la recherche d’un territoire.
Le faucon pèlerin est adulte à l’âge de deux ans mais peut cependant s’accoupler, sans se reproduire, dès l’âge d’un an.

Distribution et effectifs
Le faucon pèlerin est une espèce présente sur tous les continents – Antarctique excepté – et qui se décline en une vingtaine de sous-espèces régionales.
En Europe habitent Falco peregrinus preregrinus, réparti de l’Atlantique à l’Oural, et de la Scandinavie à la mer Méditerranée, et Falco peregrinus brookei, légèrement plus petit et avec un plumage souvent plus ocre, présent sur tout le pourtour de la Méditerranée.
En France, le faucon pèlerin occupe un territoire situé au sud d’un axe Metz / Biarritz, mais également les côtes bretonnes, normandes, et du nord du pays.

L’espèce était au bord de l’extinction à la fin des années 60, victime à la fois des pesticides organochlorés (DDT) par mortalité directe ou échec de la reprodruction (les coquilles devenues trop fragiles se brisaient lors de la couvaison), des destructions directes, et des désairages (oeufs ou jeunes récoltés pour la fauconnerie).
Fort heureusement, le bannissement quasi total des pesticides organochlorés, l’inscription de l’espèce sur la liste des espèces protégées (protection totale des rapaces en 1972), et la surveillance des aires de nidification ont permis de stopper la chute des effectifs dans de nombreuses régions. Dès le début des années 70, le faucon pèlerin a vu ses effectifs remonter progressivement, et l’on considère aujourd’hui que l’espèce a retrouvé son aire de répartition d’avant le déclin, avec toutefois des effectifs moins conséquents sur quelques régions, en particulier dans l’Ouest de la France. Pour autant, si l’espèce est sauvée de l’extinction, ses populations restent fragiles, certaines à l’Est du pays ayant même amorcé un déclin.

Menaces et facteurs limitants
- les pesticides organochlorés ont été interdits mais d’autres molécules sont utilisées, aux effets pas toujours connus
- les tirs et désairages, bien qu’illégaux, n’ont pas totalement disparu
- les activités de pleine nature, telles que l’escalade, la randonnée ou encore le vol à voile, connaissent aujourd’hui un essor considérable. Elles sont source de dérangements en période de nidification et peuvent entraîner l’absence de reproduction, l’abandon de couvées ou de nichées ; elles contribuent à réduire le nombre de sites naturels favorables (abandon de sites).
- le Grand-Duc d’Europe est un rapace nocturne de grande taille (140 à 170 cm d’envergure) qui peut mettre le faucon pèlerin, jeune ou adulte à son menu. Après avoir connu une période critique s’étalant de 1950 à 1970, l’espèce a entamé la reconstitution de ses effectifs et la recolonisation de ses territoires. Or c’est aussi un oiseau rupestre, nichant en falaise. Aujourd’hui, son aire de répartition en France, recouvre pour beaucoup celle du faucon pèlerin, engendrant une concurrence pour les sites de nidifications.

Observations par période

J F M A M J J A S O N D 2023 Faucon pèlerin - Total: 1 observations 1 2 3 0 1

Liste des observations

Trier: par numéro | par date

Encore un oiseau de proie sur le Pylône
5679 - Encore un oiseau de proie sur le Pylône

Faucon pèlerin : 1 - Chemin du Caousse, Saint-Orens-de-Gameville
06.08.2023 - Bernard Laviron (Biodiv.Sone)

Complements

Pour en savoir plus :
LPO : https://www.lpo.fr/decouvrir-la-nature/fiches-especes/fiches-especes/oiseaux/rapaces/faucon-pelerin
site oiseaux.net : https://www.oiseaux.net/oiseaux/faucon.pelerin.html
livre "Regarder et comprendre... Un rapace" de Pierre Déom - Ed Jupilles

Photo d’illustration : Bernard Laviron