17.05.2021 | Répartition Biodiv
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Les forficules (ou perce-oreilles) sont des insectes de la famille des Dermaptères (de ptéra = ailes et derme = peau, car leurs ailes postérieures membraneuses très fines évoquent la peau humaine lorsqu’elle pèle, après un coup de soleil par exemple).
Mais pourquoi perce-oreilles ? Ce nom source de frayeurs enfantines – et qui persistent parfois au-delà – proviendrait peut-être de l’analogie de forme entre les cerques en forme de pince situés à l’extrémité de l’abdomen, et l’instrument autrefois utilisé par les bijoutiers pour percer les oreilles des demoiselles. Mais il est plus probablement issu de l’habitude de ces insectes de se réfigier à l’intérieur des pèches ou abricots entrouverts par la maturité, dont les deux moitiés s’appellent des oreillons …
Forficula auricularia est la plus commune de la vingtaine d’espèces de perce-oreilles vivant en France. Elle se caractérise par :
La larve est semblable à l’adulte, mais de couleur plus claire et sans ailes.
L’abondante documentation que l’on trouve sur Forficula auricularia tient à son double statut : ravageur pour les uns, précieux auxiliaire du jardin pour les autres. Pourquoi une telle divergence de vues ?
Evidemment, trouver cet insecte en ouvrant un fruit mûr n’est guère appetissant, mais cela ne suffit pas à en faire un “nuisible”.
Intéressons nous à son régime alimentaire : notre perce-oreilles est polyphage, chasseur nocturne de petits insectes (pucerons, psylles, voire petites chenilles), donc allié des jardiniers, mais également amateur de lichens, champignons, et végétaux supérieurs. Si ses proies animales ne sont pas suffisamment abondantes, il va se rabattre sur un régime plus végétarien : jeunes pousses, fruits mûrs. Pas au point de dévorer les récoltes, mais les blessures qu’il inflige ouvrent la porte à des attaques de moisissures. Les dégâts peuvent être ponctuellement spectaculaires (cultures florales, houblon et épis de maïs en Allemagne, pêches et abricots en période sèche dans le Midi de la France), mais sont plus limités sur les pommes et poires (région méditerranéenne), la betterave à sucre et le chou-fleur (Nord de l’Europe).
Mais à l’échelle d’un jardin, même potager, la balance bénéfices/risques semble largement favorable. Il est possible de favoriser leur présence en installant des abris (pot de fleur retourné rempli de paille), que l’on peut déplacer pour suivre l’évolution des colonies de pucerons.
Le cycle annuel ne comprend qu’une seule génération, même si les femelles produisent trois pontes successives : la première entre novembre et janvier, la seconde en mars-avril et la dernière en été. Jusqu’à la fin de l’été, les différents stades sont présents en même temps, mais en automne tous les insectes sont au stade adulte. Ils se regroupent alors, soit pour se reproduire en début d’hiver si les conditions sont favorables, soit pour hiverner jusqu’au printemps.
La ponte a lieu dans un endroit le plus humide possible (terrier, litière, ...).
Chose exceptionnelle chez les insectes, la femelle va prodiguer des soins constants aux oeufs : durant tout l’hiver, elle les nettoie grâce à ses pièces buccales, pour les débarrasser des moisissures qui essaient de se développer à leur surface ; elle les transporte dans une autre cachette, si les conditions d’humidité ou de température deviennent défavorables. A l’éclosion des oeufs au printemps, elle continue à nourrir ses larves jusqu’à leur autonomie. Une vraie mère poule !
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Perce-oreille : 1
- Rue du Bousquet, Saint-Orens-de-Gameville
09.10.2020 -
Hélène LAVIRON
(Biodiv.Sone)
Sources et liens :
INRA : http://ephytia.inra.fr/fr/C/11653/Hypp-encyclopedie-en-protection-des-plantes-Forficula-auricularia
Pages entomologiques d’André Lequet : https://www.insectes-net.fr/forficule/forfi2.htm
Gerbeaud : https://www.gerbeaud.com/jardin/decouverte/pince-oreille-forficule-auxiliaire-jardin,738.html