16.02.2024 | Répartition Biodiv
|L’Engoulevent d’Europe est un oiseau très difficile à observer, car c’est un chasseur d’insectes crépusculaire et nocturne. On n’aperçoit le plus souvent que sa silhouette de mini-faucon, ses ailes étroites et sa longue queue se détachant furtivement sur les dernières lueurs du crépuscule.
Le jour, il se tient immobile, posé au sol ou sur une branche où son plumage très cryptique fait de marbrures alliant le brun-feuilles mortes, le gris-écorce et le noir. Il existe un léger dimorphisme sexuel, visible seulement en vol : le mâle porte de petites taches blanches aux extrémités des ailes et de la queue, ainsi que sur les côtés de la gorge.
L’engoulevent est doté d’une grosse tête avec de grands yeux noirs adaptés à la vision nocturne, mais dissimulés le jour derrière ses paupières closes ou à peine entrouvertes.
Le bec est minuscule, mais comme celui des martinets, il peut s’ouvrir démesurément lorsque l’oiseau chasse les insectes volants ; des vibrisses latérales augmentent encore la taille de cet entonnoir ambulant. C’est l’ouverture béante de ce bec qui lui a valu le nom français d’Engoulevent, du verbe “engouler” qui dans un ancien dialecte de l’Ouest signifiait “avaler”.
Comme beaucoup d’insectivores, l’engoulevent est un migrateur qui revient d’Afrique fin avril et y retourne en août-septembre.
Il recherche des milieux semi-boisés, semi ouverts avec broussailles (en région toulousaine il est présent en forêt de Bouconne, par exemple). Le trouver posé sur un abreuvoir à mésanges, comme sur la photo d’illustration, est un événement totalement inattendu, sans doute le fait d’un juvénile en migration qui n’a pas encore assimilé toutes les bases du camouflage…
De son vol silencieux de chauve-souris, l’engoulevent pourchasse des hannetons, lucanes, papillons de nuit, … ; mais il peut aussi capturer au sol sauterelles ou grillons. Ce régime insectivore le conduit souvent près des troupeaux, d’où son nom scientifique Caprimulgus, qui signifie “Téteur de chèvres”.
Dès son retour d’Afrique, souvent sur le même site que les années précédentes, le mâle entame sa parade nuptiale en volant ailes et queue déployées autour de la femelle pour bien montrer ses taches blanches ; il claque brusquement des ailes pour montrer sa vigueur ; il entonne à la tombée du jour un chant très particulier, sorte de ronronnement de cyclomoteur prolongé, en plusieurs tonalités successives (on dirait qu’il passe ses vitesses !).
Vers la fin mai, la femelle pond deux petits œufs à même le sol. Elle assure la couvaison le jour, le mâle la relaie au crépuscule et à l’aube. Les œufs éclosent au bout de 18 jours et les oisillons prenent leur envol 3 semaines plus tard. Une 2e couvée peut avoir lieu fin juin-début juillet.
Avec une stratégie de survie basée sur le mimétisme, en se camouflant au sol et en ne s’enfuyant qu’au dernier moment, l’engoulevent est très sensible au dérangement par les promeneurs et les animaux domestiques.
Les menaces principales restent néanmoins la modification de son habitat par la modification des pratiques sylvicoles et la fermeture des milieux, ainsi que la diminution importante d’insectes par l’usage excessif des pesticides. Il est aussi souvent victime des collisions avec les véhicules.
L’espèce est protégée mais reste malgré tout commune et classée en préoccupation mineure (LC) par l’UICN.
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Engoulevent d’Europe : 1
- Rue du Bousquet, Saint-Orens-de-Gameville
25.09.2023 -
Hélène LAVIRON
(Biodiv.Sone)
Sources et liens :
INPN : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/3540/tab/fiche
LPO : https://www.lpo.fr/decouvrir-la-nature/fiches-especes/fiches-especes/oiseaux/engoulevent-d-europe
Oiseaux.net : https://www.oiseaux.net/oiseaux/engoulevent.d.europe.html
Photo d’illustration : Bernard LAVIRON pour SONE